Stay Hungry, Stay Foolish : Et si l’échec était la garantie de vivre une vie créative ?
C’est peut-être un peu audacieux de faire une apologie de l’échec dans le contexte actuel. Et pourtant, je m’y risque. Je m’y risque parce-que je suis persuadée que, par exemple, dans cette situation sanitaire dramatique naissent tous les jours de formidables élans de générosité. Je m’y risque parce-que, quand nous échouons, nous pouvons si naturellement nous lamenter, alors qu’il faudrait parfois oser se réjouir. Je m’y risque enfin parce-que je viens de réécouter le célèbre discours de Steve Jobs aux étudiants de Stanford ; ce discours-même où il raconte combien les échecs de sa vie ont été sa plus grande chance.
Alors, osons échouer ! C’est peut-être là la meilleure garantie pour nous de vivre une vie plus créative.
1- Osons échouer, nous comprendrons plus tard pourquoi on dit que « l’avenir est un long passé »
Alors que Steve Jobs venait d’entrer à la Reed College – une université onéreuse pour laquelle ses parents ont tout sacrifié -, il décida d’arrêter de suivre les cours au bout d’à peine six mois. Pourquoi ? Tout simplement parce-qu’il ne comprenait pas comment cette université l’aiderait à découvrir ce qu’il devait faire de sa vie. C’était un peu effrayant, mais il se disait qu’au final tout se passerait bien. Il commença alors à lâcher les cours les moins intéressants, et à suivre uniquement ceux pour lesquels il avait un véritable intérêt. C’est ainsi qu’il se passionna pour un excellent cours de Calligraphie où il apprit, par exemple, à varier les combinaisons d’espaces, ou encore, ce qui fait la somptuosité d’une calligraphie. C’était beau, historique, artistique : il était aux anges ! Son savoir calligraphique ne trouvait pourtant alors aucune application pratique. Il était juste passionné.
Quelques années plus tard, cependant, alors qu’il designait le premier Macintosh, tout l’apprentissage qu’il a accumulé a fait « tilt ». Et c’est ainsi que les Mac – et par la suite tous les ordinateurs – ont bénéficié d’une typographie très esthétique. He connected the dots.
L’avenir est un long passé. Les choses que nous faisons aujourd’hui sans vraiment savoir pourquoi, et parfois même en nous trompant de chemin, prendront sens un jour. Même si nous ne savons ni où, ni quand, ni comment cela deviendra possible. Mais nous devons poursuivre notre travail d’aujourd’hui avec courage, patience et confiance, parce qu’un jour les liens entre les pointillés de notre existence deviendront une évidence.
You can’t connect the dots looking forward, you can only connect them looking backward. So you have to trust that’s a dots will somehow connect in your future. You have to trust in something, your God, destiny, life, karma, whatever. Because believing that the dots will connect down the road will give you the confidence to follow your heart. Even when it leads you off the well-known path and that will make all the difference.
Steve Jobs
2- Osons échouer, nous réveillerons ainsi notre formidable créativité
Ceux qui ont les meilleures idées sont aussi ceux qui ont le plus échoué. Il n’y a pas vraiment de miracle ! Plus nous essayons, plus nous échouons, mais plus aussi nous avons de chance de réussir ! Et ce qui est génial, c’est que les autres ne se souviennent pas de nous pour nos échecs, mais bien pour nos réussites. Saviez-vous que Thomas Edison avait inventé une effrayante poupée parlante qui avait une voix horrible ? Sûrement non, ce fut d’ailleurs pour lui un fiasco commercial. Mais par contre, nous avons tous retenu qu’il est le célèbre inventeur de l’ampoule électrique !
L’échec a aussi été un chemin de créativité pour Steve Jobs. Evincé de Apple en 1985, il a subi un échec public très difficile. Il a même pensé quitter la Valley. Mais finalement, il était tellement passionné par son métier qu’il a décidé de rester et a fini par se réinventer. Il a notamment créé Pixar un studio de films d’animation qui a créé le premier film long metro du genre, Toys Story.
Sometimes life hits you. Don’t lose faith. I am convinced the only thing that kept me going was that I loved what I did. You’ve got to find what you love. If you haven’t found it yet, keep looking, and don’t settle. As all matter of the heart, you’ll know when you find it. -Steve Jobs
3- Osons échouer, nous clouerons le bec à notre ego qui n’aura pas le dernier mot
Échouer, c’est peut-être aussi un moyen assuré de ne pas rester sous l’emprise de l’ego qui se nourrit de nos petits et grands succès. C’est nous assurer de sortir du statu quo qui nous guette quand nous réussissons trop bien et nous ne créons plus rien de neuf. Échouer fait alors mal, mais nous vivifie. Échouer nous force à adopter une nouvelle perspective. Échouer nous ramène à la case départ, mais permettant bien, justement de vivre un nouveau départ. N’ayons pas peur des éternels recommencements, la vie ne s’arrête pas à l’échec. Mais la vie s’arrête quand on n’imagine plus, quand on ne crée plus, quand on ne sort plus jamais de ce terriblement rassurant cocon : le copier-coller.
We shall not cease from exploration. And the end of all our exploring, will be to arrive where we started. And know the place for the first time.
TS Elliot
Conclusion
Entre l’échec et le succès, il n’y a qu’un pas, finalement. Et l’un peut mener à l’autre. Et l’autre peut mener à l’un. Comme dirait Rudyard Kipling, « recevons ces deux menteurs d’un même front ». Et attachons-nous plutôt alors à chercher à vivre la vie que nous voulons, et à faire ce que nous aimons. Tout simplement.
Have the courage to follow your heart and intuition. They somehow already know what you truly want to become. Everything else is secondary. Stay hungry. Stay foolish.
Steve Jobs
[Pour aller plus loin]
Trois questions à méditer : Je vous invite à étudier ces questions pour aller plus loin et passer à l’action
1- Connect the dots : quels éléments de mon histoire peuvent aujourd’hui éclairer une décision que je dois prendre ?
2- Find what you love : quel petit pas puis-je faire pour aller en quête de ma passion (ou la nourrir si je l’ai déjà trouvée) ?
3- Stop your ego : quelle chose qui me fait peur puis-je faire aujourd’hui ?
[Références]
– Discours de Steve Jobs : Steve Jobs’ 2005 Stanford Speech
– Poème de Rudyard Kipling : Tu seras un homme, mon fils